Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/25

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de dieux, toute cette lyre enfin qui sonna si haut sur la France des Valois. Ce garçon de village, dévorant les odes du prince des vieux rimeurs français, montre sa noble origine et prouve qu’il était poète de race. Qu’importe ce qui est écrit ? Ce qu’on lit compte seul. Un miroir ne sert de rien à un aveugle. J’affirme qu’il n’y avait pas alors en France, dans les universités et dans les académies, vingt personnes capables de lire Ronsard comme le lisait ce petit paysan[1].

Mais qu’allait-il devenir ? Un jeune campagnard, sachant, comme lui, l’arithmétique et l’histoire sainte, fait le plus souvent connaissance avec la charrue et la faux paternelles. S’il a des goûts supérieurs à sa condition, une bonne conduite et pas de bien, il entre au séminaire et se fait curé. Il y a aussi, dans les villes, des industries qui tentent les gars qui ne sont point manchots. C’est, par exemple, un joli métier que celui de sculp-

  1. Cette histoire du Ronsard trouvé dans le grenier a été contée par Albert Glatigny à l’excellent poète José-Maria de Heredia, de qui je la tiens.