Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/26

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teur de meubles. L’art rustique des armoires et des buffets à fleurs se perd ; c’est dommage ! Mais quand on a de l’esprit au bout des doigts, on peut encore gagner sa vie à sculpter en plein chêne des bouquets d’églantines et de marguerites. Est-ce cela qui tenta Albert Glatigny ? Devait-il à Lisieux, comme jadis maître Adam à Nevers, manier le rabot et la varlope en composant des chansons ? Non ; il était d’humeur vagabonde et, s’il se fit clerc d’huissier (il ne manque pas d’huissiers en Normandie), ce fut uniquement pour sauter tout le jour les ruisseaux et porter par le chemin le plus long les assignations aux pauvres gens. Je ne sais dans quelle rue de petite ville brillaient au soleil sur le mur de pierre grise les panonceaux de l’officier ministériel qui, pour ses péchés, prit comme petit clerc le fils du gendarme ; mais j’imagine qu’il soupira d’aise sous ses favoris et ses lunettes quand, un beau matin (ce devait être un beau matin), il ne vit pas reparaître dans son étude l’espèce de Faune en délire auquel il avait imprudemment confié la signi-