Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/91

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Viens-t’en chercher la belle aux cheveux fauves,
Dont le beau corps bondira sous tes doigts ;
Viens-t’en chercher dans les chaudes alcôves
Les mots charmants que l’on dit à mi-voix.

Mais si déjà, fuyant l’heure présente
Et les plaisirs nouveaux que je t’offrais,
Tu veux laisser ton âme languissante
Marcher en pleurs dans le champ des cyprès,

Lorsque viendra l’instant mélancolique
Où l’on se doit souvenir, tu riauras
Plus rien de neuf sous ton regard oblique,
Plus de fantôme a qui tendre les bras !

Donc, vers l’enfant dont la bouche t’appelle
Cours à grands pas, cours et même au hasard,
Pour profiter de l’heure où aube est belle,
Pour mieux encor te souvenir plus tard.

— Oui, tu dis vrai, mais la chère amoureuse
De l’an passé m’attire sur ses pas,
Et je revois sa poitrine, où je creuse
Un nid profond, pour ne m y endormir pas !



____________