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Page:Glatigny - Œuvres, Lemerre.djvu/92

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À Mademoiselle Primerose.



Bien avant les prés ta joue a des roses,
Mignonne, et je t’aime, et nous sommes deux ;
Viens, laissons dehors, sur les toits moroses,
Le vent murmurer ses chants hasardeux.

Le feu flamboyait dans la cheminée,
Si vif et si clair que nous avons cru
Revoir le soleil cette matinée,
Et que le Printemps nous est apparu.

Le ciel était bleu, sec était l’asphalte,
Et tu t’habillas pour aller au bois ;
Avril à l’Hiver avait crié : — Halte !
Monsieur Babinet était aux abois.

Cela n’a duré tout au plus qu’une heure,
Et de ce Printemps qui s’est fait chez nous
Il ne reste rien que moi, qui demeure
La main dans ta main, serrant tes genoux :

Car on peut s’aimer au mois de la pluie,
Loin des gazons verts, pris des matelas,
Et sur tes beaux yeux les pleurs que j’essuie
Me sont aussi doux qu’au mois des lilas !