Page:Glatigny - Vers les saules, 1870.djvu/32

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Les arbres, enivrés de leur nouvelle séve,
Ombrageront la mousse. Oui, j’avais fait ce rêve.
Je nous voyais tous deux marcher, jeunes et fous,
Éveillant les échos bruyants autour de nous.
L’hiver est loin déjà ; les chansons éclatantes
Agitent le rideau des feuilles palpitantes,
Je suis seul ! Et pourtant, voilà bien le décor
Rêvé pour le bonheur !

Henriette, lui jetant ses bras autour du cou.

Rêvé pour le bonheur ! Nous sommes deux encor !

Henri.

Que me dis-tu !

Henriette.

Que me dis-tu ! Henri, c’est l’époque des roses :
Les roses auraient peur devant nos fronts moroses,
Aimons-nous et rions ! Écoute dans mon sein
Mon cœur se ranimer et battre le tocsin.
Oui, tu verras mes pieds vagabonder dans l’herbe
Et mes mains entasser les pervenches en gerbe.
Viens ! l’air retentira du cri de nos amours,
Je suis folle de joie, et je t’aime toujours !

Henri.

Ah ! reste dans mes bras ! Reste, que je la baise
Cette tête adorée. Ah ! mauvaise ! mauvaise !