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Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/47

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Adélaïde. M. de Rothbanner prenant un air digne et froid rendit à la jeune demoiselle les lettres qu’il en avait reçues depuis le séjour chez la tante Thérèse et se jeta dans les considérations les plus vraies, les plus incontestables sur le présent et sur l’avenir. Il prouva sans peine que sa conscience d’honnête homme était engagée à mettre fin à une situation injustifiable à tous les égards; qu’il se considérerait comme le dernier des misérables s’il avait la faiblesse de dévier de son devoir si clair, si naturel, si nécessaire; il peignit vivement et avec sensibilité, la reconnaissance dont lui, le cadet sans ressources, était et devait être pénétré pour une femme qui avait fait sa fortune; il se condamna pour ce qui avait eu lieu et supplia Adélaïde de se marier. Il parla très bien, oh ! très bien ! Et quand il eut fini, il se leva et voyant qu’Adélaïde regardait fixement devant elle et ne répondait pas un mot, il sortit. Elle avait perdu la troisième manche.

Ma foi ! huit jours n’étaient pas passés que Christian Grünewald lui faisait la cour. Vous savez bien, ce petit Christian, mon cousin, qui a un si joli cheval provenant des haras du feu Roi de Wurtemberg ? Vous ne vous en rappelez pas ?... Enfin, cela importe peu; ce qui est certain, c’est qu’il se mit, comme je vous le disais, à lui faire la cour, et il fut très bien accueilli par elle. On commença à en parler partout. Chez madame de Stein on dit même que la corbeille avait été commandée à Paris. Madame de Rothbanner, discrètement interrogée, ne répondit pas