Page:Gobineau - Adelaïde - 1914.djvu/52

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Adélaïde. Il commença à devenir sombre. Peut-être avait-il dit à madame sa femme quelques mots offensants dans les jours de sa félicité. Il devint doux comme une fille. Il trouva sa victime angélique et fut remercié avec larmes. Adélaïde prit les choses de très haut et maltraita vivement l’un et l’autre. Ce n’était pas une nature à concessions. Ce que voyant, Frédéric formula quelques vérités morales d’une grande portée, d’où résulta une explication violente dans la chambre d’Adélaïde. De paroles en paroles on s’échauffa, et ce matin-là, Frédéric déjeuna en tête-à-tête avec Elisabeth. Il voulut, cependant, dans la journée, monter chez mademoiselle d’Hermannsburg pour lui faire apprécier un plan de conduite entièrement nouveau dont l’idée lui était venue, mais il apprit que sa belle-fille était allée passer la journée chez une de ses amies. Ce jeu-là continua pendant quatre ou cinq jours, Frédéric devint troublé et inquiet et Elisabeth, toujours résistant, toujours espérant, toujours luttant du moins, mais se sentant cruellement maîtrisée par le sort qu’elle s’était fait, continua en y usant les ressorts de sa volonté, à garder la couverture de mansuétude dans laquelle elle avait jugé indispensable de s’envelopper.

Le cinquième jour, la mère de l’amie d’Adélaïde demanda à madame de Rothbanner si elle agréerait la recherche que le comte de Potz, secrétaire de légation, se proposait de faire de sa chère fille. Depuis cinq jours, les jeunes gens se voyaient chez elle et paraissaient sympathiser. Elisabeth ne se trompa pas une minute sur le sens de ce nouvel intermède et elle