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Page:Gobineau - Les Pléiades, 1874.djvu/132

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intègres. Quant à moi, je refuse de passer mes journées à combiner des niaiseries dangereuses ou stériles, et vous ne me permettriez pas assurément de suivre la ligne de conduite tracée par mes convictions.

— Mon pauvre Lanze, si c’est ainsi que tu raisonnes, tu es propre à enfermer ! Admettons un instant que j’aie la moindre tentation de mettre le feu dans la principauté en appliquant des doctrines comme les tiennes ; les États voisins me laisseraient-ils faire ? Je recevrais conseils sur conseils, injonctions sur injonctions, et, si je m’obstinais, on mettrait garnison chez moi. Chaque temps a ses problèmes ; le nôtre est de placer en haut ce qui autrefois était en bas ; de confier la force aux faibles, et de dénouer ou, suivant ce que je vois dans tes yeux, de prétendre dénouer les situations malaisées avec des calembours. Que veux-tu ? Il faut se résigner, et c’est pourquoi M. le docteur Lanze, professeur à l’Université, l’ami du peuple et le coryphée du parti libéral conservateur, le docteur Lanze, dis-je, le partisan d’une sage liberté, s’appuyant sur le maintien loyal de nos institutions et de nos droits, va paraître ce soir dans la gazette officielle comme chef du nouveau cabinet.

— Altesse, je vous promets qu’une heure après, Strumpf est arrêté, deux heures après interrogé par une chambre étoilée, et, au petit jour, pendu sur les glacis de la citadelle ! Si cela vous convient, j’accepte ; sinon, je refuse.

— Voyons ! tu plaisantes, n’est-ce pas ?

— De ma vie je n’ai été si sérieux, et ce que j’en fais est uniquement pour démontrer à Votre Altesse l’impropriété de confier de grandes affaires à un être qui n’est pas un âne, ni un serpent, ni une oie, et qui a deux travers : d’aimer la vérité et son maître. Mais ne vous dépi-