fons et de se produire à la vue du public en équipage de garçon tailleur ! Vous vous êtes peint tout entier dans le premier mot que vous avez prononcé en entrant : vous alliez faire faire votre photographie dans un nouveau costume ! Et c’est là l’emploi de vos journées !
— Il faut bien que je me distraie, ce pays-ci est ennuyeux et tu ne veux pas que je voyage.
— Voulez-vous voyager pour quelque sujet utile ? Je vous fais partir demain !
— Je ne suis pas un manœuvre.
— Non, mais vous êtes… Tenez ! je m’emporte et j’ai tort. Un seul mot ! Je vous défends de revoir de votre vie la femme avec laquelle vous avez soupé hier au café Suisse après avoir ricané au théâtre.
— Je savais bien que je verrais arriver cette histoire ! Je t’en fais juge, Lanze ; miss Turtle et moi, nous sommes allés au spectacle, nous avons soupé, nous n’avons pas fait le moindre bruit, ni rien dit à personne ; nous sommes rentrés. Si on nous a vus, ce n’est pas de notre faute, mais je défie qu’on puisse nous accuser de nous être fait remarquer !
Jean-Théodore donna un coup de poing violent sur son bureau et fit sauter ce qui était dessus.
— Tenez ! je ne sais qu’admirer le plus ou de votre bassesse ou de votre ineptie ! Il n’y a rien à espérer de vous. Vous êtes aux arrêts, rendez-vous-y !
Le prince Maurice s’excita un peu, et avec une sorte d’animation qui le rendit tout rouge :
— C’est de la tyrannie ! s’écria-t-il ; tu n’as pas à te plaindre de moi ! Je ne me conduis pas comme Ernest. Si je vais voir Isabella Turtle, c’est absolument comme toi-même tu vas voir la comtesse Tonska. Ce que tu fais, je peux bien le faire !