sait aux femmes, et surtout aux jeunes filles. Ses adhérents, et surtout ses adhérentes, le comparaient aux vénérables personnages de la primitive Église ; les plus zélées, parmi ces dernières, n’y allaient pas de main morte et l’égalaient à saint Jean l’Évangéliste, à qui, suivant elles, il ressemblait trait pour trait. Il est lamentable d’arriver à convenir que la princesse Amélie-Auguste et Liliane étaient parfaitement de cet avis. Comme de l’exaltation des uns et des unes et de l’incertitude des autres il ne laissait pas que de résulter un certain trouble dans les familles, la justice avait mis plusieurs fois en délibération de prier poliment saint Jean d’avoir à s’en retourner à Pathmos ou dans tout autre séjour de son choix, hors des limites de la principauté ; mais le souverain, dont l’esprit était aussi modéré que le cœur était véhément, ordonnait encore d’attendre.
Néanmoins, il avait sévèrement défendu, la veille au soir, à la jeune princesse d’assister aux sermons de Schmidt, et plus sévèrement de le laisser paraître au palais. C’était pour pleurer sur cette tyrannie, que Son Altesse avait écrit le matin à Liliane de venir la voir ; elle voulait consulter avec elle sur les moyens à employer pour obéir plutôt à Dieu qu’aux hommes.
Les deux jeunes néophytes eurent à cet égard une bien longue conversation, et, malheureusement, ne purent imaginer aucune ressource. Leurs deux petites têtes, en révolte théorique aussi flagrante que possible, ne leur fournirent absolument rien pour sortir de peine ; car le prince leur faisait, à l’une et à l’autre, une peur horrible, et, d’autant plus, surcroît de peine intolérable, qu’il avait exigé de la pauvre princesse Amélie-Auguste, d’avoir à s’habiller à l’avenir d’une tout autre manière que sainte Paule ou sainte Monique.