Page:Gobineau - Les Pléiades, 1874.djvu/176

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voudriez vous y refuser quand une fois vous aurez réfléchi sérieusement, ce qui, je le crains, ne vous est pas encore arrivé. Mais comme nous vous ferons faire pénitence cet hiver ! Nous comptons sur vous, monsieur. Et, à propos, madame de Longueil me demande ce que vous devenez. Saviez-vous qu’elle a perdu sa tante et que la voilà maintenant avec cent mille francs de rentes et le beau château de Longueil en plus ? Cela console de bien des petites afflictions ? Qu’en dites-vous ? Adieu donc, et pensez quelquefois à des amis véritables, au nombre desquels vous me permettrez de me compter.

« Blanchefort de Gennevilliers. »

— Comment trouvez-vous cela ? s’écria Laudon en fermant sa lettre.

— Délicieux ! répondit Nore. Il faut que je vous quitte pour quelques jours.

— Une affaire ?…

— Oui, une affaire. Mais je serai ici… voyons !… oui ! vers la fin de la semaine.

— Rien de désagréable, j’espère ?

— Aucunement.

— Eh bien ! donc, quand partez-vous ?

— Tout de suite.

— Comment, tout de suite ! à l’instant même ? Restez là sur ce banc, relisez paisiblement cette lettre qui paraît vous charmer ; non pas celle que vous avez déchirée, l’autre !

— Non, merci bien ! Je n’ai pas le temps. Je m’en vais. Au revoir !

Là-dessus, Nore donna une poignée de mains à Laudon un peu surpris, et s’en alla.