Page:Gobineau - Les Pléiades, 1874.djvu/19

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dent de Brosses comme Jean-Paul, nous ont-ils à l’envi monté la tête sur des paysages, en somme, si insignifiants !

Tandis que nous déplorions notre malheur, nous avions cessé d’être attentifs ; tout à coup, notre recrue ayant levé la tête dans la direction du sud, s’écria :

— Mais voyez donc !

C’était un spectacle nouveau, sublime, adorable ; nous nous étions trop hâtés ! nous n’avions pas eu confiance dans cette nature enchanteresse, magicienne rusée, habile à cacher sa richesse pour mieux en étaler les trésors, pour en faire miroiter les pompes à l’heure voulue, si belle, mais si grande artiste, par-dessus tout !

Nous fûmes éblouis et ivres d’enchantement, de joie, de bonheur ; nous nous fîmes conduire aux îles avec la résolution bien prise d’y passer au moins une journée et, peut-être, qui sait ? le reste de notre vie.