norait. Une ordonnance rendue ad hoc interdit à jamais au couple proscrit la faculté de paraître dans le pays. Jean-Philippe en fit tant qu’il se rendit ridicule. Il y avait encore par-ci par-là quelques personnes qui se rappelaient ce que le condamné avait fait pour le juge et le racontaient aux autres. Néanmoins, Guillaume passa quinze ans avec Catherine Pamina dans sa garnison dalmate, et, ce qui est triste à confesser, il l’aima tant que cela le rendit d’une indifférence absolue au tapage que l’on faisait à son propos.
Quand Jean-Philippe mourut, un des premiers actes, sinon le tout premier de Jean-Théodore, avait été d’écrire à son oncle, avec lequel, par l’intermédiaire du professeur Lanze, il entretenait depuis des années la correspondance la plus tendre, pour le supplier de revenir. Le duc résista quelque temps. Il avait ses habitudes, il ne lui manquait rien, il était accoutumé aux petites combinaisons du service ; il craignait de se voir entraîné dans des cérémonies et affaires de Cour où il n’éprouverait qu’ennuis. Sa femme le décida à partir. Il écrivit donc à son neveu qu’il arrivait ! Pourtant six mois se passèrent avant l’exécution de cette promesse. Le plus grand des malheurs venait de fondre sur ce pauvre homme : Catherine, sa chère Catherine, était morte, ne lui ayant donné que de la joie et de la paix, et il restait seul avec une jeune fille.
Le coup fut dur, trop dur ; la plaie n’en devait jamais guérir. Quand on vit arriver à Burbach l’oncle du prince, un grand corps maigre, une longue moustache grise, un front dégarni, l’expression de la plus pure bonté sur le visage, et, à côté de lui, Aurore Pamina, car le mariage était morganatique, les courtisans sourirent, la princesse régnante se crispa, Amélie-Auguste se réserva, et Jean-