Page:Gobineau - Mademoiselle Irnois - 1920.djvu/66

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— “Que me voulez-vous ? dit M. Irnois, arrivé dans l’antichambre à la remorque, ne voyez-vous pas qu’il faut soigner ma fille ?”

Cabarot prit un ton mitoyen entre la débonnaireté et la raideur impérieuse :

— “Mon cher monsieur, j’ai vu Mademoiselle votre fille, et elle me convient sous tous les rapports. J’obéirai très aisément à l’Empereur. À quand fixons-nous la signature du contrat ?”

— “Diable ! vous allez vite !”

— “C’est mon usage. Et d’ailleurs, l’Empereur le veut.”

— “Mais l’Empereur ne sait pas que ma fille est malade ?”

— “Nous la soignerons. Il faut en finir. L’Empereur n’aime pas les résolutions qui traînent.”

— “Mais si Emmelina ne veut pas de vous ?”

— “Ce sont là des caprices de jeunes filles auxquels des hommes sages tels que vous et moi ne doivent pas s’arrêter. Comme père, il doit vous suffire d’avoir une confiance entière dans ma probité.”

— “Mais je ne vous connais pas !”

— “Et comme sujet, reprit Cabarot d’une voix haute et grave, vous devez obéissance à l’Empereur.”

Irnois sentit passer dans ses membres un frisson d’épouvante. Il se trouva si fort à la discrétion de Cabarot, qu’il fut sur le point de tomber à ses pieds et de lui demander pardon.

— “Eh bien ! à quand le contrat ?” reprit l’impassible épouseur.