Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques, ill. de Becque, 1924.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Alors, poursuivit Omm-Djéhâne, on te prit avec quelques garçons échappés par hasard à l’incendie et au massacre. On t’envoya à l’École des cadets à Pétersbourg et on t’éleva, comme disent les Francs ! On t’enleva ta mémoire, on t’enleva ton cœur, on te prit ta religion, sans même se soucier de t’en donner une autre ; mais on t’apprit à bien boire, et je te retrouve les traits déjà flétris par la débauche, les joues marbrées de bleu, un homme ? Non ! Une guenille ! Tu le sais toi-même.

Assanoff, humilié, maté par cette fille et par les images, surtout, par les images trop exactes, trop crues, trop vraies qu’elle évoquait devant lui, Assanoff essaya de se défendre.

— J’ai pourtant appris quelque chose, murmura-t-il. Je sais mon