Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/200

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le peu de monnaie que voici. Une autre fois, quand je serai tout à fait ancré dans ses bonnes grâces, je ne le traiterai pas si bien. Nous sommes convenus que, pour ne pas donner d’ombrage aux jaloux, je feindrais, pendant quelque temps, de faire partie de ses ferrashs, ensuite je deviendrai vizir. En attendant, je n’aurai rien à faire que m’amuser tout le jour. Nous partons sous peu pour Téhéran, et Son Altesse a l’intention de me recommander au Roi.

Bibi-Djanèm serra son adorable fils dans ses bras. Lui trouvant un peu d’agitation, elle lui promit, pour le lendemain matin, un bol considérable d’infusion de feuilles de saule, préservatif merveilleux contre la fièvre, et, comme Mirza-Hassan-Khân avait rapporté à la maison dix sahabgrans, produit de la vente de deux encriers, elle préparait des pâtisseries feuilletées et un plat de kouftehs, boulettes de hachis, frites dans des feuilles de vignes, dont la perfection lui avait toujours valu une gloire incontestée. On mangea et on but, et la moitié de la nuit se passa au sein d’une joie parfaite.

Au matin, Gambèr-Aly, ayant pris son élixir et reçu pour recommandation maternelle de ne se laisser attraper par personne, alla reprendre ses fonctions au Palais.

C’est une chose admirable que la vérité ! Elle se glisse partout, au travers du mensonge, sans que les hommes puissent savoir comment. Le prochain départ