Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/306

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celui de mes quatre cousins que je préfère, je demanderais que des quatre on pût faire un seul homme, et celui-là, je suis bien sûre que je l’aimerais passionnément et pour toujours. Mais est-ce possible ? je te le demande. Ne pleure pas. Sois persuadé que tu vis toujours dans mon cœur. Je ne pouvais pas épouser Souleyman, qui ne possédait rien. Je me suis adressée à toi. Tu as été un peu léger ; mais je te pardonne. Je sais que tu m’es tendrement attaché. Kérym me mettait sur la grande route de la misère. Abdoullah m’a faite riche. Je dois être sage à mon tour, et je lui serai fidèle jusqu’à la mort, tout en pensant à vous trois comme à des hommes… Enfin je t’en ai dit assez. Abdoullah est ton cousin ; aime-le ; sers-le ; et il fera pour toi tout ce qui sera possible. Tu penses bien que je n’y nuirai pas.

Elle me dit encore beaucoup de paroles affectueuses qui, dans le premier moment, me causèrent un redoublement de tristesse. Cependant, puisqu’il n’y avait pas de ressource, et je ne le comprenais que trop, je me résignai à ne plus être pour Leïla que le fils de son oncle.

Abdoullah, en sa qualité de marchand, avait souvent à faire à de grands personnages. Il leur rendait des services et avait du crédit auprès d’eux. Grâce à lui, on me fit Sultan dans le régiment Khassèh ou Particulier, qui demeure toujours à Téhéran, dans le palais, monte la garde, porte l’eau, fend le bois et