Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de quelques meurtrières d’un aspect sinistre, situé sur une avancée de rocher, à mi-côte d’un escarpement stérile. Rien de plus sombre et de plus tragique.

Les messagers descendirent de leurs chevaux et le principal de la troupe frappa avec force pour se faire ouvrir. Tout le monde dormait. Un soldat de la garnison se présenta à l’entrée ; il enleva les barres de fer qui la maintenaient close. On lui montra le cachet et la lettre. Il ne fit aucune observation, se rendit sans hésiter et appela ses compagnons, qui ne se montrèrent pas plus difficiles que lui. Cependant les pourparlers et les allées et venues avaient réveillé Akbar. Le jeune chef parut sur le palier d’un escalier intérieur. La montée en était raide. Akbar dominait les têtes de ceux auquels il s’adressa brusquement.

— Que signifie ce bruit ? Et vous, mes hommes, pourquoi laissez-vous entrer ces étrangers ?

— Ce sont des gens envoyés par Son Altesse. Ils apportent une lettre et l’anneau de votre père. Il faut livrer les prisonniers.

Akbar demanda :

— C’est mon père qui a donné cet ordre ?

— Lui-même ! Voici son anneau, vous dis-je, voici sa lettre.

— Alors Abdoullah-Khan est un chien et je n’ai pas de père !

Ce disant, il déchargea ses deux pistolets sur les hommes rassemblés devant lui : il en tomba un, et il