Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/396

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ne devaient pas l’accompagner plus loin, et, étant tombé d’accord avec le maître des muletiers, il annonça son départ à Osman-Pacha et prit congé de lui. Lucie en fit autant, dans le harem, à l’égard de Fatmèh-Hanoum. Ce furent de grandes expressions de regrets, beaucoup de larmes et des embrassements sans fin ; puis, vers deux heures de la nuit, Valerio et Lucie, avec deux domestiques musulmans, prirent congé de leurs aimables hôtes et se mirent en chemin pour aller s’associer à leurs futurs compagnons de route.

La caravane, comme c’est l’usage, avait quitté la ville depuis deux jours et était campée à une demi-heure du faubourg. Elle était considérable. À la clarté de la lune, on apercevait des lignes de mulets et de chevaux attachés par le pied à des piquets et mangeant l’orge du matin ; on allait partir. Des feux étaient allumés çà et là ; les ballots de marchandises s’élevaient comme des espèces de murailles et formaient en plusieurs endroits des cellules, dont les propriétaires s’occupaient à enlever le mobilier temporaire, composé des tapis et des couvertures sur lesquels et sous lesquels ils avaient dormi. Les constructions mobiles formaient comme des rues où déjà la foule circulait très-affairée. Çà et là s’élevaient quelques tentes légères dont les toiles laissaient percer les rayons lumineux des lampes matinales, et des ombres passaient et repassaient au-dessous. Bien des petits boutiquiers tenaient, étalés par terre, auprès d’un réchaud de