Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/43

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(il l’a eue vraiment pour un morceau de pain) semble devoir atteindre à une perfection inouïe !

— Tu me réjouis le cœur, ma chère âme, s’écria Paul Petrowitch.

— L’Arménien m’a fait observer que, ayant parfaitement vendu l’année dernière ce qu’il avait de mieux et de prêt, il s’était résolu cette fois à perfectionner encore la marchandise.

— C’est un homme intelligent ; je l’ai toujours dit et pensé, grommela Paul Petrowitch.

— Dans ce dessin, poursuivit Grégoire, il a fait l’acquisition d’une jolie maison de campagne, où il habite avec quatre filles, ses deux nièces, un neveu et un cousin de sa femme, en tout dix. Vous suivez le détail.

— Parfaitement !

— Pour tout ce petit monde, il s’est procuré des passeports, des papiers, des actes parfaitement en règle, enfin ce qu’il faut. J’ai vu les prix sur ses livres, et là, franchement, ça n’a pas coûté cher.

— J’en suis presque fâché, dit le maître de police ; c’est ce que j’appelle déconsidérer l’autorité, quand ceux qui en sont revêtus se laissent aller à des concessions trop faciles. Mais j’ai peut-être des principes un peu sévères. Continuez !

— L’Arménien a engagé un maître de russe, un maître de français, qui enseigne en même temps la géographie, et une gouvernante suisse. Ces différents frais d’établissement ne sont pas ruineux, et le résultat