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Page:Gobineau - Nouvelles asiatiques 1876.djvu/45

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d’être plus au monde que nous ? Mais ce n’est pas pour théorifier que je viens te voir. Voici tes dividendes.

Là-dessus, Assanoff tira de la poche de sa redingote un gros portefeuille, du portefeuille une liasse de billets, et pendant une bonne demi-heure, les deux amis furent plongés dans des calculs qui causaient évidemment par leur résultat une satisfaction vive à Paul Petrowitch. Quand tout ce tripotage eut pris fin, le digne maître de police demanda à grands cris de l’eau-de-vie, et pendant que les verres s’emplissaient, se vidaient et s’emplissaient de nouveau, l’Ennemi de l’Esprit dit à son camarade :

— Les plus belles étoffes ont un revers. L’année écoulée a été bonne, l’année prochaine sera meilleure ; cette année-ci, nous n’avons guère que des non-valeurs, grâce à cette imbécile de Léocadie Marron, qui a été nous acheter trois filles dont la taille a tourné. Si notre excellente maîtresse de danse, Fourrough-el-Husnet, voulait nous aider, elle le pourrait, et son secours viendrait bien à point.

— Mon petit père, il ne faut pas chercher à me tromper. Tu as envie de vendre les Splendeurs de la Beauté elle-même. Mais tu as tort, elle n’y consentirait pas, ni moi non plus.

— Quelle idée bizarre, vas-tu chercher là, Paul Petrowitch ? Les Splendeurs de la Beauté aurait pu se placer aussi bien, si elle avait vécu, et nous aussi, il y a une cinquantaine d’années, où le goût était différent de