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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/104

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d’amuser le public sur la scène. Il te faut désormais assister à de longs dîners, à de longues soirées, à de nombreuses réunions et faire beaucoup de visites, afin de te faire annoncer plus souvent, ce qui t’apprendra ton nom. Pauvre ami, ta jadis chère Colombine n’a plus qu’un conseil à te donner. C’est de ne pas devenir plus impertinent, et de jeter un peu moins ta qualité à la tête des gens. Pardonne-moi, du reste, la mauvaise humeur de cette lettre, si elle te blesse ; elle vient de mon cœur, non de ma vanité. Je t’aime trop pour te perdre tranquillement. Adieu, mon bon, adieu, mon cher petit. Sois aussi sage que tu pourras et cela pour toi seul, pour ton bonheur. Souviens-toi souvent de ton amie et de tes amis, surtout quand tu auras des chagrins. Adieu. Je t’embrasse de bien bon cœur.

Colombine.

Après avoir lu cette lettre, don César pleura pendant vingt-cinq minutes. Il y eut même en lui une sorte de lutte entre son ancien caractère et celui que les nouvelles circonstances dans lesquelles il vivait avaient, comme forcément, développé chez lui ; mais le combat fut court, parce que les forces n’étaient pas égales.

Le nouveau gentilhomme trouvait sa position trop douce pour en céder une ligne, et toi, lecteur, tu eusses fait comme lui, ne le nie pas. Le soir, don César était tout aise et délivré d’un grand poids. Comme M. de Bianconero ne le