Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/107

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Vous ne savez pas ce que c’est que le pouvoir des gouvernantes, dames de compagnie et autres domestiques panachés qui s’emparent des clefs du logis. Peste ! mon enfant ! celle-là vous a fait rompre votre mariage parce que vous l’avez saluée la dernière ; j’en ai connu une en Danemark, qui avait fait renvoyer un mari au beau milieu de la lune de miel. Il n’est pas d’araignée, même d’araignée-crabe, plus dangereuse que ces sortes de… Mais passons à la seconde affaire.

Mon cher ami, je vais vous parler sérieusement. Vous avez des défauts : ne me regardez pas d’un air effrayé ; je veux dire que vous n’êtes point parfait ; ce qui, à mes yeux, ne vous inculpe aucunement. Mais pendant vingt ans, que votre mère vous a attendu, elle s’est fait du fils qu’elle a perdu un si parfait idéal qu’elle ne peut supporter la pensée d’aucune imperfection dans un être aussi cher. C’est une bien malheureuse disposition, don César ; bien malheureuse, sans nul doute, mais elle existe. Depuis quelque temps, Mme de Bianconero est inquiète, soucieuse ; je crains tout de la vivacité de son imagination et, hélas ! — je puis vous le dire en pleurant - de la faiblesse de sa tête. Si elle découvre tout à coup que les légères taches qu’elle soupçonne dans votre caractère, et que je vous connais, mon ami, existent réellement, elle est capable, oui, elle est capable…

— Capable !… vous m’effrayez, monsieur le marquis, capable de quoi ?