Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/117

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qu’elle emportait. Du reste, sûre d’elle-même, elle ne redoutait pas une impertinence.

Elle expliqua tout cela au comte aussitôt qu’elle l’eut reconnu. De son côté, il la mit au fait de ses aventures et de l’étrange histoire de sa naissance ; néanmoins, il oublia de lui dire que cette croyance était déjà un peu ébranlée. La vue de Rosetta fit naître d’étranges indécisions dans le cœur de don César. Nous savons déjà combien il était rancuneux. Mais, en cette circonstance, la colère s’éclipsa devant l’amour qui se releva plus fort que jamais dans son cœur. Quand je dis que la colère s’éclipsa devant l’amour, je me trompe, ce fut devant l’espérance qu’elle s’éteignit. Jadis, Scaramouche n’avait aucun espoir de devenir l’époux de l’héritière des Tiepolo ; aujourd’hui, le comte Bianconero, sans trop de fatuité nobiliaire, pouvait avoir cette prétention cela changea toutes ses dispositions.

Que les romanciers sont donc malheureux ! et que l’on avoue avec grande raison que c’est le pire de tous les métiers ! Pendant que je raconte ce que disent, pensent, ne disent pas ou ne pensent pas mes deux interlocuteurs, j’ai bien été obligé de ne pas vous apprendre qu’ils étaient arrivées dans un bourg, y avaient acheté une voiture et qu’à l’aide de deux gros chevaux, dont l’un boiteux et l’autre borgne, conduits par un postillon qui réunissait ces deux qualités, ils étaient depuis longtemps en route pour Ancône, où ils arriveront, s’il vous plaît, sans que je prenne l’embarras de m’interrompre pour vous dire où et comment ils