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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/120

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Rosetta ne se trouvait pas assez loin de l’Italie, elle ne voulut pas s’arrêter dans cette ville et, comme elle avait éprouvé le respect de don César, elle consentit à ce qu’il l’accompagnât jusqu’en Autriche, où elle voulait se réfugier dans le premier couvent de son ordre qu’elle rencontrerait, en y payant une nouvelle dot et en faisant pénitence de sa fuite.

Le départ était fixé pour le lendemain et ils étaient à table dans leur chambre quand ils entendirent un grand bruit dans les, corridors : des gens montaient, descendaient ; on portait des paquets, des domestiques couraient çà et là. Enfin, comme les chambres d’auberge ont des cloisons plus qu’indiscrètes, on finit par entendre ces mots prononcés vraisemblablement par quelque gros laquais joufflu :

— Est-ce là qu’il faut déposer les malles du capitaine Corybante ?

— C’est là ! répondit l’hôtelier.

Puis le corridor retentit sous des pas éperonnés et une voix grêle, répondant probablement à un respectueux salut, laissa tomber ces mots :

— Bonsoir, bonsoir, faites-nous servir, car mademoiselle meurt de faim, et nos amis vont arriver.

— Ah ! mais, c’est Corybante, dit don César en sautant de sa chaise à la porte, qu’il ouvrit.

Et il se trouva en face de Colombine donnant le bras à l’ex-abbé, décoré d’une paire de moustaches, enterré dans un justaucorps de buffle, et ayant