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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/42

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mal ou n’arrivait point à travers les murs épais ; et, toujours guidé par les deux messieurs si polis, il fut introduit dans un petit cabinet où on le laissa seul.

Dire qu’il se hâta, aussitôt qu’il fut assis, de réfléchir à sa position, ce serait lui faire copier tous les prisonniers présents, passés et futurs ; or je désire lui voir une nature d’exception, et en route il avait fait ce raisonnement très simple : un pauvre diable de comédien comme moi ne peut avoir affaire aux trois inquisiteurs, à moins de complot ou de crime d’État ; or, il est facile de prouver que je n’ai conspiré ni en action, ni en pensée, ni même en paroles ; si, supposant que je voulusse du mal à Rosetta, on m’eût arrêté par précaution, j’aurais tout bonnement comparu devant la "quarantie" criminelle, et non devant Eaque, Minos et Rhad… "Au fait, avait conclu Matteo avec beaucoup d’esprit, attendons et ne nous troublons pas, parce que ma main serait tantôt mal assurée."

Il terminait ce consolant monologue, lorsque la porte s’ouvrit ; deux geôliers vinrent le prendre et, après quelques tours et détours dans des corridors dont la description serait peut-être de rigueur, il arriva dans une grande salle où il ne fut pas peu étonné de trouver, outre les figures rébarbatives des trois juges et des familiers, et la mine plombée d’un grand coquin dont l’air paraissait assez décontenancé, les figures joviales, bien qu’un peu stupéfaites, de ses camarades, bravement encadrés