Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/46

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ce qui le faisait éternuer, et Arlequin, mécontent de l’air de béatitude que ne pouvait dissimuler Tartaglia en se voyant débarrassé d’un aussi épouvantable rival, s’était uni à Pantalon, qui déjà se distrayait en lui infligeant son pied dans la chute des reins.

Cependant Matteo, livré à son guide silencieux, avait été également conduit hors du palais ; une gondole élégante s’approcha ; le familier souffla deux mots dans l’oreille du gondolier, et l’on partit.

— Tenez-vous de manière à ce qu’on vous voie du dehors, dit gravement l’huissier en s’enfonçant dans un coin.

Matteo obéit.

Il était environ cinq heures de l’après-dînée. Cattarina et Rosetta, lasses d’attendre, étaient cependant restées à la croisée, et l’oncle Tiepolo et le fiancé Foscari badinaient avec elles.

— Par la Vierge, dit tout à coup Foscari, quel est ce gentilhomme qui se pavane dans une gondole ? C’est un étranger, je pense ; mais j’ai vu cette figure-là quelque part.

— Ce gentilhomme, dit Tiepolo après l’avoir examiné avec attention, ce gentilhomme est Scaramouche.

Rosetta échangea un brillant regard avec son amie ; ce regard voulait dire bien des choses ! Le triomphe, l’orgueil, la moquerie s’en disputaient l’éclat ; mais aussi le dépit de se voir si bien et si mal à propos entourée.

— Je crois vraiment, s’écria le fiancé, que la