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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/58

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deux grandes capitales. On se mit donc joyeusement en voyage pour gagner Naples. On cheminait comme au jour où l’on avait rencontré Matteo sur la grand-route : Arlequin faisait cette fois l’office de cocher et laissait dormir le fouet sur le dos de son paresseux cheval, tandis que Polichinelle raclait sa guitare, assis les jambes pendantes sur le devant de la charrette.

Pendant plusieurs jours, nos amis ne rencontrèrent aucune aventure qui mérite d’être rappelée ; je laisse de côté les épisodes vulgaires, les bons ou les mauvais chemins et le séjour des auberges, et je conviens que l’ennui commençait à peser de tout son poids sur la compagnie, habituée aux émotions continuelles par la vie que chacun de ses membres avait menée à Florence. Mais, le soir du quinzième jour, la scène changea, et c’est aussi à cet endroit que je rattache les deux bouts de mon récit.

C’était quelques heures avant le coucher du soleil, et la charrette descendait lentement un chemin creux qui se contournait à chaque instant, de sorte qu’on ne voyait la route qu’à dix pas devant soi. Tout le monde, hormis Matteo, dormait, et surtout le cocher, quand tout à coup des cris lamentables se firent entendre. Scaramouche, surpris, mais brave comme un César, y répondit par un holà belliqueux, et, sans attendre que ses camarades fussent bien éveillés, il arrêta le cheval, sauta en bas du chariot et courut en avant. Voici ce qu’il trouva. Un vieillard richement vêtu était