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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/63

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curiosité exaspérait, votre village est le séjour des mystères ; et, pour n’y pas courir le risque de devenir indiscret, il faudrait être muet et aveugle de naissance. Je n’y tiens plus, je vous l’avoue, et j’ose vous supplier très humblement de me dire quel est ce don Geronimo, qui me parait un entêté fort déraisonnable, d’après vos propres paroles ; qui, à coup sûr, a le langage peu avenant, et sur lequel tombe un déluge incessant de disgrâces.

— Monsieur Cigoli ; dit le podestat, je me ferais un vrai plaisir de satisfaire votre curiosité sur ce point, s’il me fallait pour cela entrer dans certains détails très compromettants pour l’honneur d’une noble famille. Permettez-moi donc de faire le discret ; peut-être les choses en viendront-elles à ce point que le scandale se fera jour, mais jusque-là tous les confidents doivent se taire, et j’ose même vous demander votre parole de ne parler à personne, pas même à vos camarades, de la manière dont vous avez fait connaissance avec don Geronimo.

Matteo fit un signe d’acquiescement.

Le podestat reprit :

— C’est fort bien, je vous crois honnête homme ; et comme malheureusement il n’y a pas de temps à perdre, permettez-moi d’engager devant vous M. Corybante à faire une démarche qui ne peut plus être retardée. Levez-vous, mon cher ami, dit-il au jeune homme, qui laissa tomber sa fourchette d’un air consterné ; courez au château et