Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/64

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prévenez M. le comte Jean Foscari qu’il ne saurait trop se hâter de conclure.

A ce nom de Jean Foscari, Matteo faillit tomber à la renverse.

— Quoi ! dit-il, ce scélérat est ici !

— Comment, scélérat ? dit le curé scandalisé. Pesez mieux vos paroles, je vous prie : M. le comte Foscari est un gentilhomme vénitien fort respectable ; on voit bien que vous ne le connaissez pas.

Scaramouche, en donnant une description détaillée de la personne de son ancien rival, prouva qu’il en savait aussi long sur cet article que les autres assistants, et il invoqua même le témoignage de Corybante ; celui-ci ne le démentit point, mais fit la grimace. Scaramouche s’en soucia peu et, après avoir raconté à ses nouveaux amis l’origine de sa connaissance avec ce seigneur, narration qu’il faisait volontiers, il les régala du récit de quatre ou cinq aventures de jeu peu honorables pour le comte et qui d’ailleurs étaient tellement vraies que le pauvre Corybante, interpellé, ne put s’empêcher de joindre son récit à celui de Matteo.

— Pourquoi donc, lui dit sévèrement le podestat, n’avez-vous jamais confié des choses aussi graves à don Geronimo ?

— On se fait déjà, sans le vouloir, assez d’ennemis ! répondit Corybante en cachant sa confusion derrière un cure-dent.

— Je reconnais le doigt de Dieu dans cette aventure, dit le curé d’un air sentencieux. Je ne