Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/68

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— Ma foi, il y a plaisir à lutter avec vous ; tous moyens vous sont bons ; des petites espiègleries vous passez aux médiocres, et de celles-là aux plus grosses ; aujourd’hui vous en êtes à me faire assommer, à mettre le feu chez moi, à… Vous avez peu d’imagination, mon enfant, et vous en venez trop vite aux extrêmes. Allons, suivez-moi, il est temps de rentrer.

Ce disant, le vieux gentilhomme tira à lui le jeune garçon qui n’eut que le temps d’envoyer, à la dérobée, un baiser à Colombine. De ce moment, celle-ci, jugeant que son amoureux était persécuté, lui fit une petite part dans sa sympathie.

De cette façon, don Geronimo était à peine rentré quand Scaramouche se présenta chez lui. Un domestique l’introduisit dans un cabinet somptueusement décoré, où le vieillard se trouvait assis sur un grand fauteuil, ayant à sa droite une jeune fille qui brodait et vis-à-vis de lui messer Jean Foscari, vêtu d’une manière convenable à son rang, mais cependant avec plus.de sévérité que de coutume. Il faut le dire à la honte de notre ancienne connaissance, à force de faire des présents à la Fiorella et à d’autres, à force de mener joyeuse vie et de courtiser le pharaon, sa fortune, naturellement égale à zéro, avait rapidement dépassé cette base négative, et il se trouvait, dans ce moment même, sous le coup de plus de cent mille ducats de dettes criardes qu’il lui fallait payer. Voilà pourquoi le comte Jean Foscari cherchait à se marier.