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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/73

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marquis de Bianconero courait grand risque d’être frustré de ses espérances, si jamais il les avait eues.

Quand la jeune dona Paula se vit installée dans le château de son oncle, elle commença, dès le premier mois, à donner les marques du caractère le plus impétueux et le plus indépendant. Sans respect pour sa propre dignité, elle aimait à jeter ses livres par les fenêtres, prenait grand soin de maintenir son ignorance intacte ; dérobait çà et là ce qui lui faisait plaisir, les pâtisseries, l’argent même, et en accusait intrépidement les domestiques.

Du reste, comme elle semblait faire grand cas des jouissances matérielles et de la vie luxueuse qui l’entourait, don Geronimo, d’ailleurs captivé par l’amour de la lutte, se frottait les mains de satisfaction et espérait bien finir par dompter sa nièce. Ses amis, le curé et le podestat, ne partageaient plus ses espérances, qu’à peine ils avaient nourries pendant les premières années. Le naturel sauvage des bohémiens, l’entêtement de cette race paraissaient avoir pris trop de développement dans le cœur de dona Paula, pour qu’elle pût en revenir jamais. Quoi qu’il en soit, don Geronimo se tenait sûr de son fait, et, pour ne rien négliger de ce qui pouvait rendre brillante l’éducation de sa pupille, il écrivit à Rome à un de ses amis, afin qu’on lui envoyât quelque professeur capable de faire de son héritière un sujet merveilleux. L’ami eut la main malheureuse, car il dépêcha au gentilhomme