Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/94

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gémir la rampe. "Holà hé ! diable ! Ouf ! Je me suis cassé les jambes ! Ouf ! Au secours ! " Enfin tous les gémissements d’un homme mécontent de sa fortune.

A ce vacarme, Polichinelle se réveilla en sursaut, se jeta en bas de son lit et ralluma sa lampe. Puis il vint se pencher au haut de l’escalier en cherchant à faire pénétrer la lumière jusqu’en bas, et demanda d’une voix flûtée :

— Monsieur demande quelqu’un ?

Du fond de l’abîme s’éleva cette réponse :

— Monsieur Polichinelle !

— Donnez-vous la peine de monter en prenant garde aux marches que je crois mauvaises, répondit courtoisement l’artiste dramatique.

Quelques secondes après, il se trouva en face d’un gros monsieur en habit de velours rouge, coiffé d’une énorme perruque, embroché d’une épée, et qui se frottait les côtes.

A l’aspect de son visiteur, Polichinelle, frappé de surprise et de respect, ne sut plus quelle contenance tenir.

— Monsieur le marquis de Bianconero ! Grand Dieu ! A qui dois-je l’honneur d’une pareille visite ? Excellence, asseyez-vous ! Permettez-moi de passer au moins un vêtement indispensable.

— Non, non, Polichinelle, répondit débonnairement le marquis, vous êtes fort bien, et je n’ai qu’un mot à vous dire : c’est au sujet d’un jeune homme qui est votre camarade.

— Scaramouche, Excellence ?