— Précisément. Je voudrais savoir ce qu’il est et d’où il vient.
Polichinelle répondit :
— Excellence, c’est un homme du plus grand mérite et qui devrait être empereur ; malheureusement la fortune l’a maltraité. Une famille dénaturée a privé ses premières années des conseils d’un père ; abandonné jeune à lui-même, il n’en a pas moins rendu illustre une naissance commune, puisqu’il doit le jour à un paysan de la Romagne.
Le marquis tira de sa poche un carnet et marmotta entre ses dents :
— Fort juste ! Ne porte-t-il pas derrière l’oreille gauche un signe orangé ?
— Non, monsieur le marquis, c’est derrière l’oreille droite et tirant vers le menton.
— Oreille droite, fort bien ! Jusqu’ici les rapports sont exacts. N’a-t-il pas des sentiments pleins de noblesse, le goût des belles choses, l’amour d’un sexe qui fait adorer jusqu’à ses cruautés, la patience courte, l’épée prompte à sortir du fourreau, enfin tout ce qui distingue un… un…
— Un artiste dramatique ? Sans nul doute, Excellence.
— Ce n’était point artiste dramatique que je voulais dire : mais il n’importe. Ces renseignements sont parfaits et conformes à ceux que je possède déjà. Demain, que ce jeune homme passe à mon palais ; j’ai à lui parler de choses de la plus haute importance. Ne manquez pas de faire ma commission. Bonsoir, Polichinelle.