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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/99

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vérité, j’ai fait partager ma conviction au marquis. Oui, vous êtes mon pauvre fils ! je suis heureuse ! Embrasse-moi donc ! "

Scaramouche, ou plutôt le comte don César Bianconero, baisa la main de sa mère et, avant qu’il eût pu trouver une parole sensée dans sa tête où son imagination bouleversée faisait le plus étrange tohu-bohu, le marquis entra, le serra sur son cœur et, enchanté d’avoir enfin un auditeur chez qui la patience allait devenir une vertu forcée, il l’entraîna vers ses collections.

Après une longue extase, quand les mouches, les sauterelles, les cloportes, les papillons, les guêpes, les hannetons, les cerfs-volants, les limaçons, les fourmis, les cirons et autres êtres merveilleux, qui composaient les trésors scientifiques du palais, eurent été examinés consciencieusement sur le dos, le ventre, les pattes, les trompes et les ailes, et qu’il n’y eut plus la plus petite chose à voir, ni la moindre observation à émettre, le marquis mena don César dans un bosquet, sur un banc et, s’étant croisé les jambes, il lui demanda ce qu’il savait de son histoire.

L’ex-Scaramouche rapporta fidèlement ce que ses plus anciens souvenirs avaient conservé et, avec l’honnêteté qui le distinguait, il jura qu’il s’était toujours considéré comme le fils véritable du brutal Cigoli ; cependant il avoua que le trait principal de leur séparation aurait pu le porter à en douter.

Le marquis essuya ses lunettes avec son mouchoir