Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/128

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cend avec les précautions que l’instinct naturel inspire. Le mur en pierre sur lequel on travaille a suffisamment d’inclinaison pour faire adhérer l’échelle, et si les mains n’ont que fort peu de prise, le bout des pieds en a moins encore ; cependant il est intéressant de ne pas lâcher, car on n’a aucune idée ni de l’endroit où l’on irait choir, ni des circonstances qui accueilleraient l’arrivée en bas. On n’apprécie le fait qu’après avoir réussi à plonger sans encombre dans ce gouffre. On est alors sur une sorte de plate-forme très restreinte, ruisselant de l’eau transsudée par la roche ; il fait froid comme au fond d’une cave, et l’humidité saisit. De moins en moins on se trouve à l’aise ; l’air est lourd et chargé de vapeurs. Les torches qui brillent çà et là et l’habitude déjà prise des ténèbres vous font découvrir assez vite que vous n’êtes pas au bout. Vous vous baissez, vous saisissez une autre corde liée à l’anfractuosité d’une pierre, et de nouveau vous vous laissez glisser. Cette fois, vous en avez fini avec ce mode de locomotion par suspension dans le vide. On est arrivé sur un terrain fortement incliné et composé uniquement d’angles aigus