Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/147

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ployer leurs colonnes immenses et faire tomber au large leur pluie de projectiles ; et quand une crise était finie, ils attendaient l’autre. Il faut dire cependant que quelques-uns des officiers, plus prosaïques, avaient déjà décidé M. de Moncade à descendre avec eux longtemps auparavant, et que ce groupe de gens positifs fut retrouvé plus tard, assis à l’abri d’un buisson, à proximité du canot, et mangeant avec une vive satisfaction du plumcake arrosé de gingerbeer.

Enfin tout finit ; il fallut s’en aller. Norton pensa avec chagrin que peu d’heures allaient s’écouler, qu’on reverrait Naxos, qu’Akrivie retournerait dans sa maison au milieu des lauriers-roses, et que lui avec l’Aurora s’en irait continuer à vivre comme il avait vécu jusqu’alors, emportant un souvenir qui lui rendrait tout pénible en lui faisant sentir, plus encore que par le passé, les côtés fastidieux de son existence. Il avait réussi, en examinant ses impressions d’Antiparos et par la confiance plus grande d’Akrivie, à multiplier les raisons qu’il avait cru avoir d’être sinon aimé, du moins remarqué. Norton n’était pas un fat, et ne se laissait