Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/148

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pas aller volontiers aux suggestions de ce genre d’amour-propre. Se croyant distingué quand il aimait, et comparant ce qu’il supposait être l’état de l’âme de la jeune fille à l’idée qu’il se faisait de son caractère, dont il était aussi épris que de sa personne, il se décida, après une mûre délibération, à une demande qui portait au plus suprême degré le caractère du romanesque, par la circonstance aggravante de la préméditation. Un Anglais seul est capable de ces choses-là, et pour bien apprécier ce que fit Norton, il faut comprendre qu’il ne cherchait qu’à mettre en pratique les goûts de beaucoup de ses compatriotes.

Dans les pays les plus lointains du globe et préférablement dans les plus excentriques, on est presque assuré de rencontrer un de ceux-ci, établi bravement au sein de la solitude la plus complète que les circonstances locales ont pu lui permettre de trouver. Rarement ce solitaire est un homme du commun ; le plus ordinairement, c’est une personne du monde, bien née et bien apparentée, ayant eu, souvent ayant encore une grande fortune ; généralement c’est un militaire, un légiste ou un marin. Toujours c’est