Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/164

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consul général de Hollande, M. Anthony Harrison. Sa toilette achevée à l’auberge où il était descendu, il s’empressa de se faire conduire chez l’homme qui devait être son conseil et son guide dans la grande entreprise à laquelle il s’était voué et dont il s’applaudissait de plus en plus d’avoir eu l’idée, prévoyant la gloire qu’il allait en recueillir. Un domestique de l’hôtel le mena à travers des rues pavées à peu près et d’autres qui ne l’étaient pas du tout, jusqu’à un immense magasin construit en planches, où siégeait sur une chaise de paille un homme assez gros, étalant sur son genou gauche un mouchoir de poche de coton bleu et inscrivant dans un carnet grossier des chiffres que lui criaient trois commis. Deçà, delà, à droite, à gauche, au fond, sur les côtés et presque sur la tête, des murailles de barils entassés les uns sur les autres contenaient de la morue sèche et salée, précieuse denrée qui fait la fortune de l’île.

— Monsieur Harrison ? demanda le touriste en ôtant son chapeau.

— 888, 955, 357, 11, 49, 2453 ! répondit une voix glapissante de l’extrémité du magasin.

— Monsieur Harrison, s’il vous plaît ? répéta