Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Charles poliment incliné, est-ce ici que je puis le trouver ?

— Hein ? répliqua brusquement le gros homme au mouchoir de coton bleu. Qu’est-ce que vous cherchez ?

— M. Harrison, le consul général de Hollande, je vous prie ?

— C’est moi, que vous faut-il ?

— Voici, monsieur, une lettre que M. Paterson, banquier à Paris, m’a chargé de vous remettre :

— Passez-moi ça, mon garçon !

— Quelle brute ! pensa Charles Cabert ; et il donna la lettre.

— Ah ! bon ! je vois ce que c’est, dit le négociant après avoir lu. Mais je n’ai pas le temps de causer à cette heure. Venez dîner avec moi, et nous verrons ce qui vous convient. Bonjour !

Ce « bonjour » était si péremptoire et ressemblait de si près à un ordre sans réplique de débarrasser le terrain, que presque instinctivement Charles se trouva dans la rue. Sa dignité était justement froissée, et il se résolut à ne pas mettre les pieds chez un malotru de pareille espèce. Cependant il réfléchit que s’il