Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chose de musical ; je vous annoncerai que, pendant votre absence, Gregory a fait bénir son mariage et baptiser ses quatre enfants par l’aumônier de la frégate.

— J’en suis bien aise répondit Barton ; Gregory et sa femme sont de braves gens et des personnes tout à fait respectables et religieuses.

— Avec quatre enfants en avance d’hoirie, fit observer le sarcastique Charles.

— Ils n’en sont pas moins bons chrétiens pour cela, répliqua Barton. Nous n’avons sur toute cette côte ni ville ni prêtre, et vous pensez bien que les jeunes gens ne s’en marient pas moins. À vingt ans, on s’aime et on s’épouse.

— Sur l’autel de la nature, dit spirituellement Cabert.

— Comme vous voudrez, mais on ne songe pas à mal. Quand un prêtre passe, souvent après plusieurs années, on lui demande son secours, et cela ne nuit à personne.

Charles ne répliqua pas ; le sérieux de Barton lui en imposait, la gravité de M. John le glaçait, la présence de Lucy le gênait pour le développement de sa pensée. Il n’en fut pas moins