Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/28

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Sophie prit sa tapisserie, qui représentait au naturel un épagneul vert couché sur un coussin rouge, au milieu d’un fond blanc, et ne répondit pas un mot. Caroline fut, au fond, ravie de voir que les choses eussent passé si aisément.

Je ne sais si la journée parut longue ou courte à la jeune demoiselle : mais le soir, à la nuit tombante, elle se montra à demi dans l’embrasure d’une fenêtre étroite donnant sur une de ces ruelles tortueuses dont j’ai déjà parlé. Par hasard, sans doute, Gérasime vint à passer, et tout à coup, ce qui ne pouvait pas être un hasard, un petit paquet tomba brusquement au milieu de la chambre. Sophie courut le ramasser. C’était du papier cerclé d’une ficelle, sous lequel il y avait une lettre, et une pierre pour donner plus de consistance au tout. Sophie s’enferma bien vite, et lut ce qui suit :

« Mademoiselle, pourquoi les paroles ne sont-elles que des paroles et non pas des flammes et des épées, pour vous rendre un compte plus fidèle des tortures que j’éprouve et de la douleur dans laquelle je suis plongé ! Ne plus vous voir, ne plus vous entendre, ne plus vous