Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/44

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escorte, elle ne lui rendit pas son salut ; mais arrêtant ses yeux droit sur les siens, elle les reporta brusquement sur Jérôme Lanza, les ramena sur son amant et parut attendre. C’était clair. Il fit un signe d’assentiment. À la même minute, il se sentit assez vivement poussé par-derrière, et se retournant, il aperçut un homme de mauvaise mine qui, sans s’excuser, lui laissa voir dans sa manche un couteau ouvert, et disparut.

« Ah ! c’est comme ça ! pensa Gérasime. Eh bien ! nous allons voir ! » L’idée de recevoir quelques pouces d’acier dans le corps lui donna de l’activité. Le soir même, il était parti pour l’Acarnanie, et quelques jours après il dînait paisiblement dans une maison de Missolonghi avec Yoryi, dont il était venu prendre les bons conseils. Ce n’est pas qu’il eût eu besoin de se déranger pour ce qu’il avait à faire. Grâce au ciel, à Zante, à Céphalonie, dans toutes les îles, il lui eût été facile, et je crois qu’il le sera toujours à tout le monde, de trouver de braves garçons prêts à faire le chemin libre à leurs amis pour des prix raisonnables. Mais il lui avait été commandé de remettre le mouchoir