Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/61

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les portes du jour ouvertes par une charmante fille, et l’astre lumineux triomphalement porté à travers les plaines célestes par les chevaux fougueux et brillants du plus beau et du plus intelligent des dieux. La mer, calme d’un calme profond, bleue comme une pervenche, non ridée mais plissée coquettement pour faire miroiter sur son sein les faisceaux de la jeune lumière ruisselant d’en haut en cascades étincelantes, allait chercher bien loin, au bout de l’horizon oriental, ce qui restait des nuances délicates du crépuscule du matin. Elle se teignait à plaisir et dans un cercle de plus en plus large de cette pluie de fleurs safranées ou d’un rose pâle, et peu à peu le safran devint orange, le rose se parsema d’écarlate, des filons d’or coururent de toutes parts, et une clarté éblouissante, chaude, dominatrice, électrisa la nature entière.

Çà et là se montraient des îles, les unes plus près, les autres plus loin. Des formes douces, arrondies, fines, dessinaient les contours de ces terres montagneuses ; là, c’était Paros, ici, sa sœur Antiparos ; plus loin dans la vapeur, Santorin ; enfin en face, Naxie, la belle Naxie com-