Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/62

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mençait à mettre en relief non plus seulement son plan général, mais ses sommets, ses collines, ses vallées, ses gorges, ses rochers, et on voyait s’avancer la ville, blanche comme une fiancée.

Il fallut cependant quelques heures encore pour l’atteindre. La brise était extrêmement faible, et le navire marchait peu. En attendant, les détails de la côte se révélaient à chaque instant d’une manière plus sensible. On aperçut l’entrée du port se creusant entre les rochers, et sur la droite, ce petit îlot stérile, encore riche de quelques pans de murs antiques, restes d’un temple d’Hercule. Les maisons baignaient leur pied dans l’eau, s’étageant les unes au-dessus des autres comme les loges d’un amphithéâtre, et par-dessus ces bâtisses plébéiennes s’élevait, avec plus de bonhomie que de grandeur, l’ensemble d’habitations qu’on nomme la citadelle ou le château, et que des restes d’anciens remparts écroulés ou employés à faire de nouveaux logis rendent encore assez digne d’une appellation devenue néanmoins un peu ambitieuse. Cet aspect était frais, gai, aimable, accueillant. L’Aurora continuait à s’a-