Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



CHAPITRE VII.

Le christianisme ne crée pas et ne transforme pas l’aptitude civilisatrice.

Après les objections tirées des institutions, des climats, il en vient une qu’à vrai dire, j’aurais dû placer avant toutes les autres, non pas que je la juge plus forte, mais pour la révérence naturellement inspirée par le fait sur lequel elle s’appuie. En adoptant comme justes les conclusions qui précèdent, deux affirmations deviennent de plus en plus évidentes : c’est, d’abord, que la plupart des races humaines sont inaptes à se civiliser jamais, à moins qu’elles ne se mélangent ; c’est, ensuite, que non seulement ces races ne possèdent pas le ressort intérieur déclaré nécessaire pour les pousser en avant sur l’échelle du perfectionnement, mais encore que tout agent extérieur est impuissant à féconder leur stérilité organique, bien que cet agent puisse être d’ailleurs très énergique. Ici l’on demandera, sans doute, si le christianisme doit briller en vain pour des nations entières ? s’il est des peuples condamnés à ne jamais le connaître ?

Certains auteurs ont répondu affirmativement. Se mettant sans scrupule en contradiction avec la promesse évangélique, ils ont nié le caractère le plus spécial de la loi nouvelle, qui est précisément d’être accessible à l’universalité des hommes. Une telle opinion reproduisait la formule étroite des Hébreux. C’était y rentrer par une porte un peu plus large que celle de l’ancienne Alliance ; néanmoins c’était y rentrer. Je ne sens nulle disposition à suivre les partisans de cette idée condamnée par l’Église, et n’éprouve pas la moindre difficulté à reconnaître pleinement que toutes les races humaines sont douées d’une égale capacité à entrer dans le sein de la communion chrétienne. Sur ce point-là, pas d’empêchement originel, pas d’entraves dans la nature des races ; leurs inégalités n’y font rien. Les religions ne sont pas, comme on a voulu le prétendre,