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montagnards du Pérou, par l’élévation de la chaîne des Andes, ce n’est pas donner une raison bien sérieuse (1)[1]. Il est dans le monde nombre de populations de montagnes, et qui sont constituées tout différemment que les Quichuas (2)[2].

Viennent ensuite les observations sur la couleur de la peau. Les Unitaires soutiennent que là ne peut se trouver aucun caractère spécifique : d’abord, parce que cette coloration tient à des circonstances climatériques, et n’est pas permanente, assertion plus que hardie ; ensuite, parce que la couleur se prête à l’établissement de gradations infinies, par lesquelles on passe insensiblement du blanc au jaune, du jaune au noir, sans pouvoir découvrir une ligne de démarcation suffisamment tranchée. Ce fait prouve simplement l’existence d’innombrables hybrides, observation à laquelle les Unitaires ont le tort fondamental d’être constamment inattentifs. Sur le caractère spécifique des cheveux, M. Flourens apporte sa grande autorité en faveur de l’unité originelle des races.

Après avoir passé rapidement en revue les arguments inconsistants, j’arrive à la véritable citadelle scientifique des Unitaires. Ils possèdent un argument d’une grande force, et je l’ai réservé pour le dernier : je veux dire la facilité avec laquelle les différents rameaux de l’espèce humaine produisent des hybrides, et la fécondité de ces mêmes hybrides.

Les observations des naturalistes semblent avoir démontré que, dans le monde animal ou végétal, les métis ne peuvent naître que d’espèces assez parentes, et que, même dans ce cas, leurs produits sont condamnés d’avance à la stérilité. On a observé, en outre, qu’entre les espèces rapprochées, bien que la fécondation soit possible, l’accouplement est répugnant et ne s’obtient, en général, que par la ruse ou la force ; ce qui indiquerait que, dans l’état libre, le nombre des hybrides est encore plus limité que l’intervention de l’homme n’est parvenue à le faire. On en a conclu qu’il fallait mettre au nombre

  1. (1) Prichard, Histoire naturelle de l'homme, t. II, p. 180 et passim.
  2. (2) Ni les Suisses ni les Tyroliens, ni les Highlanders de l'Écosse, ni les Slaves des Balkans, ni les tribus de l'Hymalaya n'offrent l'aspect monstrueux des Quichuas.