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puissantes que les Assyriens surent leur donner. Accompagnements ordinaires de leurs plus vastes constructions, ceux-ci les érigèrent avec une recherche de luxe et de solidité inouïe. Comme d’autres peuples, ils n’en firent pas seulement des tombeaux ; ils ne les réduisirent pas non plus au rôle de bases pleines, ils les disposèrent en palais souterrains pour servir de refuge aux monarques et aux grands contre les ardeurs de l’été.

Leur besoin d’expansion artistique ne se contenta pas de l’architecture. Ils furent admirables dans la sculpture figurée et écrite. Les surfaces des rochers, les versants des montagnes devinrent des tableaux immenses où ils se plurent à sculpter des personnages gigantesques et des inscriptions qui ne l’étaient pas moins, et dont la copie embrasse des volumes (1)[1]. Sur leurs murailles, des scènes historiques, des cérémonies religieuses, des détails de la vie privée, entaillèrent savamment le marbre et la pierre, et servirent le besoin d’immortalité qui tourmentait ces imaginations démesurées.

La splendeur de la vie privée n’était pas moindre. Un immense luxe domestique entourait toutes les existences et, pour me servir d’une expression d’économiste, les États sémo-chamites étaient remarquablement consommateurs. Des étoffes variées par la matière et le tissu, des teintures éclatantes, des broderies délicates, des coiffures recherchées, des armes dispendieuses et ornées jusqu’à l’extravagance, comme aussi les chars et les meubles, l’usage des parfums, les bains de senteur, la frisure des cheveux et de la barbe, le goût effréné des bijoux et des joyaux, bagues, pendants d’oreilles, colliers, bracelets, cannes de jonc indien ou de bois précieux, enfin, toutes les exigences, tous les caprices d’un raffinement poussé jusqu’à la mollesse la plus absolue : telles étaient les habitudes des métis assyriens (2)[2]. N’oublions pas qu’au milieu de



(1) Botta, Monuments de Ninive.

(2) Tout ce qui concernait l’élégance et le luxe délicat, ce qui était caprice, les objets de mode et, en un mot, ce qui répondait à ce que la langue commerciale d’aujourd’hui appelle l’article Paris, se fabriquait dans les grandes capitales mésopotamiques. Voir Heeren, Ideen

  1. (1) Botta, Monuments de Ninive.
  2. (2) Tout ce qui concernait l’élégance et le luxe délicat, ce qui était caprice, les objets de mode et, en un mot, ce qui répondait à ce que la langue commerciale d’aujourd’hui appelle l’article Paris, se fabriquait dans les grandes capitales mésopotamiques. Voir Heeren, Ideen über die Politik, den Verkehr und den Handel der vornehmsten Vœlker der alten Welt, t. I, p. 810 et pass.