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Il tenait aux anciens vainqueurs par sa généalogie, et si le règne des divinités finit, celui de leurs prêtres commença. Le despotisme, pour changer de forme, n’en fut pas moins aveuglément vénéré. Les Chananéens conservaient dans leur histoire (1)[1] l’exposé très complet de ce double état de choses. Ils avaient été gouvernés par Melkart et Baal, et plus tard par les pontifes de ces êtres surhumains (2)[2].

Quand les Sémites arrivèrent, la révolution fit un pas en avant. Les Sémites étaient, au fond, plus proches parents des dieux que les dynasties hiératiques des Chamites noirs. Ils avaient quitté plus récemment la souche commune, et leur sang, bien qu’assez altéré, l’était moins que celui des métis dont ils venaient partager les richesses et soutenir l’existence politique, chaque jour plus débile. Toutefois, les prêtres phéniciens ne seraient pas tombés d’accord de cette supériorité de noblesse, et l’auraient-ils voulu qu’ils ne l’auraient pas pu, car l’essence noire prédominait tellement dans leurs veines, qu’ils avaient oublié le Dieu de leurs dieux et l’origine réelle de ces derniers. Ils se considéraient, avec eux, comme autochtones (3)[3]. C’est dire qu’ils avaient adopté les superstitions grossières des ancêtres de leurs mères. Pour ces gens dégénérés, point de migration blanche de Tylos sur la côte



(1) Les annales chamites paraissent avoir été conservées avec beaucoup de soin par les intéressés. M. d’Ewald considère le XIVe chapitre de la Genèse et d’autres fragments du même livre comme des emprunts faits à ces histoires. (Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 71.) — À son avis, ces travaux des peuples chananéens auraient, en outre, servi de base à la partie cosmogonique et généalogique de la Genèse, rédigée par un lévite au temps de Salomon. (Ouvr. cité, p. 87 et passim.)

(2) On verra, lorsqu’il s’agira des nations arianes, tous les motifs qui existent d’assimiler les dieux d’Assyrie aux antiques héros blancs. Il ne paraît pas douteux à M. Rawlinson que le dieu-poisson et la déesse Derceto, représentés sur les sculptures de Khorsabad et de Bi-Soutoun, n’aient été les images des patriarches échappés au dernier déluge.

(3) Movers, das Phœnizische Alterth., t. II-I, p. 15. — C’est là ce qui porte M. Movers à combattre le témoignage d’Hérodote, et à soutenir que les Phéniciens n’étaient pas des émigrants de Tylos.


  1. (1) Les annales chamites paraissent avoir été conservées avec beaucoup de soin par les intéressés. M. d’Ewald considère le XIVe chapitre de la Genèse et d’autres fragments du même livre comme des emprunts faits à ces histoires. (Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 71.) — À son avis, ces travaux des peuples chananéens auraient, en outre, servi de base à la partie cosmogonique et généalogique de la Genèse, rédigée par un lévite au temps de Salomon. (Ouvr. cité, p. 87 et passim.)
  2. (2) On verra, lorsqu’il s’agira des nations arianes, tous les motifs qui existent d’assimiler les dieux d’Assyrie aux antiques héros blancs. Il ne paraît pas douteux à M. Rawlinson que le dieu-poisson et la déesse Derceto, représentés sur les sculptures de Khorsabad et de Bi-Soutoun, n’aient été les images des patriarches échappés au dernier déluge.
  3. (3) Movers, das Phœnizische Alterth., t. II-I, p. 15. — C’est là ce qui porte M. Movers à combattre le témoignage d’Hérodote, et à soutenir que les Phéniciens n’étaient pas des émigrants de Tylos.