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L’Orient l’avait attiré dès sa première jeunesse. Avant l’âge de vingt ans il étudiait la langue persane. Il l’apprit à fond à Téhéran et put entretenir des rapports d’amitié intellectuelle avec les docteurs et les philosophes les plus célèbres de la Perse. Au lieu de se livrer à des amusements futiles ou aux plaintes ordinaires contre un poste lointain, peu en vue, il s’initiait profondément à cette vie, à ces idées si différentes des nôtres, et que nos esprits offusqués par les vanteries d’un siècle sans bonne foi ont tort de dédaigner à la légère.

Rentré en France, il publia Trois ans en Asie. Ce livre charmant respire le bonheur. Ce fut l’impression de M. de Prockesh, qui lui écrivait le 20 novembre 1859 : « Je suis dans vos Trois ans en Asie. Depuis longtemps je n’ai rien lu de plus frais. C’est une promenade sous les sycomores de Schoubra. C’est la marche à travers une prairie parsemée de fleurs comme un tapis de Perse et où les odeurs et les couleurs (frères jumeaux d’une jeune mère) vous enguirlandent tout joyeux. »

En 1861, un Voyage à Terre-Neuve, livre également plein d’une verve joyeuse, est dû à une mission qui lui fut donnée pour traiter la question des pêcheries du banc de Terre-Neuve avec les commissaires du gouvernement anglais.

Cette même année, à l’automne, nommé ministre, il reprit le chemin de la Perse où il resta deux ans. A son retour, il traversa toute la Russie.

Il avait avec lui à Téhéran un attaché d’un caractère un peu étrange, mais plein d’audace et de vivacité d’esprit. M. de Rochechouart voua une profonde affection à son chef, et le livre qu’il écrivit plus tard sur la Chine, où il fut chargé d’affaires avant d’aller mourir encore